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Retour d’expérience : UTMB 2018

Alberto, vendeur à la boutique « actif » de Au Vieux Campeur Paris revient pour nous sur son Ultra-Trail du Mont-Blanc 2018. Un témoignage touchant, motivant et instructif pour en savoir plus sur ces courses et ces coureurs, hors du commun.

« Je suis très content d’avoir réussi à passer la ligne d’arrivée de l’UTMB 2018 et d’en être devenu finisher ! Ma préparation pour cette épreuve fut assez difficile, surtout le mois de juillet avec mon déménagement et la naissance de mon petit nouveau qui m’ont pris beaucoup de forces, de sommeil. Avec un peu de recul je peux le dire, j’étais prêt physiquement mais fatigué a l’approche du jour J.

Vendredi 31 aout 2018, 18h00. Départ de mon UTMB.

Les premiers kilomètres sont assez rapides, la descente jusqu’aux Houches est assez agréable, plutôt roulante. Je suis impressionné par la quantité de supporters présents sur la première partie de course, c’est hallucinant ! Je ne pars pas très rapidement, même plutôt tranquille, même si à Saint Gervais, je me trouve en 187ème position. La météo est très mauvaise, il pleut et il fait froid, très froid ! La nuit arrive et je décide de prendre mon temps pour grignoter un peu et mettre ma frontale. Les sensations ne sont pas mauvaises mais ça ne va pas durer…

À partir du kilomètre 40, les sensations ont bien changé par rapport au début de course. Le col de Bonhomme est dur, très dur. Je m’impose une pause pour prendre une soupe chaude, mettre mes gants et enfiler mon pantalon imperméable. En haut ils annoncent des températures de -10°C et je ne me sens pas en forme.

Je commence à perdre beaucoup de temps, beaucoup de coureurs me passent devant dans la descente vers les Chapieux et je commence à me demander sérieusement si je vais finir la course. Je ne suis qu’au début et je me sens vraiment très fatigué… Evidemment, il n’est pas question d’abandonner aussi tôt, je me dis que ça va passer, qu’il faut continuer petit à petit mais je ne suis seulement qu’au kilomètre 50 !

Les kilomètres qui suivent vont être les plus difficiles de la course, jusqu’au lac Combal où je m’accorde 1h de pause avant de continuer. Le 3ème col est très dur, je ne suis plus très lucide. Dans la descente vers le ravitaillement, je tombe à plusieurs reprises, je ne prends plus de plaisir et je ne profite plus de ma course. Mes yeux se ferment et, à ce moment précis, je me dis que la course est terminée pour moi, je n’ai plus envie de continuer, de toute façon je n’ai plus de force.

Je réussis tant bien que mal à atteindre le ravitaillement au Lac Combal où j’avais prévu d’abandonner. Finalement je demande un couchage pour dormir un peu et reprendre quelques forces. La bénévole me conduit vers les tentes où plusieurs camarades de course dormaient déjà. Après un petit questionnaire pour comprendre ce qui n’allait pas et s’assurer que je n’avais pas pris d’anti-inflammatoires ou d’autres médicaments, elle m’accorde seulement 20 petites minutes de sieste ! Je râle ! En tant qu’espagnol, 20 minutes ce n’est pas une sieste ! Elle insiste en m’expliquant qu’au-delà de 20 minutes, je ne repartirai plus ! J’accepte finalement sa proposition.

Je viens à peine de m’installer qu’elle me réveille déjà. Mince, ça fait 20 minutes ! Je prends vraiment mon temps pour me lever. J’enfile toutes mes couches chaudes sur moi car je n’arrête pas de trembler. Après une heure de stop et deux soupes chaudes plus tard, je repars vers Courmayeur.

La fatigue est toujours là, je peine à courir, je tremble et n’arrive pas à me réchauffer. Au classement j’ai chuté jusqu’à la 734ème place. Mais bizarrement je commence à reprendre du plaisir et à profiter du paysage magnifique que nous offre cette course. Je me sens chanceux d’être là et je suis toujours en course après 65 kilomètres parcourus.

Au petit matin, avec le lever du soleil, les forces reviennent. J’ai un énorme sourire et vraiment la « patate » ! Comme si le soleil m’apportait l’énergie dont j’ai besoin à ce moment-là. Je fonce dans la descente vers Courmayeur et je double beaucoup de coureurs. Je me sens très fort, heureux et en pleine forme après cette horrible nuit !

Je quitte Courmayeur en 517ème place et je fonce vers la partie la plus roulante de la course avec le grand col Ferrer. Malgré le froid, tout va très bien ! Dans l’excitation et l’euphorie de me sentir enfin en pleine forme, j’ai totalement oublié de changer de chaussettes, elles ont parcouru déjà 95 kilomètres. Je dois faire un arrêt forcé chez le podologue pour qu’il me soigne les énormes ampoules qui se sont formées sous le métatarse. Je perds encore presque une heure avec ce stop médical et le ravitaillement mais cela me permettra d’aller jusqu’au bout sans avoir des problèmes de pied malgré l’utilisation d’une seule paire de chaussettes sur toute la course.

Je me remets enfin en route vers le col Ferrer, je n’ai plus mal aux pieds, la montée se passe très bien et je profite de la longue descente pour continuer à remonter au classement. A Champex lac, au kilomètre 124, je suis 288ème pour 22h38 de course. Je m’accroche encore à mon objectif moins de 30 heures que je pense encore réalisable. Il me reste 46 kilomètres très technique et la nuit ne va pas tarder à tomber.

La dernière partie de course est très dure, les montées sont raides et interminables. Je perds un peu en motivation et je prends beaucoup de temps aux ravitaillements pour m’alimenter correctement car j’ai peur que cette deuxième nuit se passe mal.

J’oublie mon objectif initial de moins de 30 heures, ce sera pour la prochaine fois ! L’idée de finir me paraît déjà très difficile mais je suis motivé pour aller au bout, physiquement je ne suis pas si mal et je décide de me calmer afin de garder des forces.

Je continue à grappiller quelques places. La ligne d’arrivée, c’est pour bientôt ! Chamonix est à 20 kilomètres. Je quitte Vollorcine en marchant tranquillement car le dernier col est assez difficile et je sais que ça va être dur. J’économise mes dernières forces. Même si l’on ne monte pas à Tête aux Vents, la bifurcation qui amène à la Flégère est très technique et hors sentier. Je suis vraiment surpris. Nous sommes en pleine descente. Le chemin est tellement technique, avec des racines et des cailloux partout, que j’arrive à peine à marcher.

La petite montée vers la Flégère est vraiment raide, tout droit vers la remontée mécanique de ski. A ce moment-là, je suis à bout de forces. Vivement la descente. Je prends mon temps pour manger ma dernière soupe chaude et j’entame l’ultime descente. Je me rappelle très bien de ce passage, cette descente au milieu de la nuit, dans la brume. Je dois m’arrêter pour changer les piles de ma frontale, il fait très froid mais Chamonix est juste là et me tend les bras. Je me rends compte que la barre des moins de 33 heures est atteignable. Je jette mes dernières forces dans la bataille pour réaliser ce nouvel objectif !

Après 171 kilomètres de course, plus de 10000 mètres de dénivelé positif, je passe la ligne de cette course mythique en 32 heures et 56 minutes, sous les 33 heures ! Sur les 2300 coureurs au départ de la course, je termine 224ème et sincèrement, avec les problèmes rencontrés au début de l’épreuve, passer la ligne d’arrivée était devenu un rêve difficilement réalisable…

Je tiens à remercier vivement Columbia et Au Vieux Campeur qui m’ont donné l’opportunité de participer à cette magnifique épreuve. L’UTMB reste vraiment une course à part, différente des autres. Une course mythique que j’espère refaire l’année prochaine, qui sait en moins de 30 heures cette fois-ci !

Un immense merci à ma femme Magali, pour sa patience et son soutien pendant ces longs mois d’entraînement avec des hauts et des bas, notamment à une période où je me suis beaucoup blessé et où j’étais d’humeur tranchante. Elle m’a toujours encouragé à réaliser mes objectifs. Je lui dois beaucoup et je suis très reconnaissant. »

Alberto Tristante

 

Crédit photo : © Ultra-Trail du Mont-Blanc® – Pascal Tournaire_files

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