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Les Engagés en packraft pour leur prochaine expédition

Une aventure importante pour l’équipe Engagés

Ca y est, nous venons de recevoir nos packrafts : deux packrafts Anfibio Delta MX et un packraft MRS Adventure X2. Ces embarcations atypiques sont l’élément clé de notre prochaine expédition. En effet, en janvier 2020 nous devrons leur faire confiance pour traverser un bras de mer de 3km au Nord de la Norvège. Il fera froid, -20°C. Il fera nuit, une nuit polaire pendant laquelle le soleil ne se lève jamais. Nous transporterons chacun 90kg de matériel chargé dans une pulka : nourriture, essence, batteries, vêtements, etc. Tout ce qu’il faut pour progresser en autonomie dans un milieu polaire.

Qu’est-ce qu’un packraft ?

Un packraft est une embarcation gonflable. Elle assure une capacité amphibie à n’importe quelle aventure. Certains modèles sont destinés à l’eau calme, d’autres aux rapides.

Léger : 1.6kg pour les Anfibio et 3.2kg pour le MRS. Peu volumineux : il tient dans un sac à dos. Son volume est comparable à celui d’une tente. 30x20cm pour le Anfibio et 50x20cm pour le MRS. Pouvant supporter une charge lourde : 180kg pour le Anfibio et 250kg pour le MRS. Et gonflable : avant la mise à l’eau, le packraft se gonfle à l’aide d’un simple sac. Le packraft peut embarquer le marcheur, son sac et éventuellement son vélo ! Vous l’avez compris, le packraft rend possible de nouvelles aventures, que ça soit pour simplement traverser une rivière ou un lac qui vous barre la route ou bien concevoir une sortie amphibie à base de marche et de navigation.

Vous vous imaginez déjà remonter les gorges des Cévennes en randonnée puis redescendre en voguant allègrement sur la rivière ou bien aborder une calanque isolée et jeter votre packraft à la mer pour flâner aux gré des baies paradisiaques. Nous, nous préparons à utiliser nos packraft dans des conditions extrêmes. Au Nord de la Norvège, la température glaciale de l’eau conjuguée au froid polaire rend le risque d’un naufrage ou d’une chute mortel. Ce risque est aggravé par notre lourd chargement, par l’obscurité de la nuit polaire, par nos vêtements épais qui se gorgeraient d’eau avant de geler, par une mer potentiellement agitée, etc.

Vu les enjeux, nous nous livrons à un test rigoureux de nos trois embarcations. Nous avons choisi le lac d’Émosson, qui culmine dans les Alpes Suisse à 1800m d’altitude. L’eau y est fraiche malgré le mois de juillet. Mais nous ne sommes pas là pour admirer le paysage. Nos interrogations sont nombreuses et nous sommes là pour y répondre.

Le temps de gonflage ?

Les packrafts se gonflent à l’aide d’un sac qui fait office de gonfleur. Nous capturons l’air en nous appuyant sur le vent puis refermons le sac. En le roulant sur lui-même nous chassons l’air dans le boudin unique du packraft. Une opération fastidieuse mais simple. Nous terminons le gonflage à la bouche. Finalement, en l’espace de quelques respirations, nous gonflons les sièges. Terminé. Bilan des courses, entre 5 à 10 minutes en fonction des modèles, chronomètre en main. L’opération est efficace. Tant mieux car nous n’aurons pas de temps à perdre le moment venu.

Les pagaies coulent elles ?

Nous avons sélectionné le modèle de pagaies Egalis Fibre Swift 4P chez Au Vieux Campeur. Emportées en quatre pièces, elles s’assemblent facilement. Et c’est une bonne nouvelle, elles flottent. A priori, aucun risque de perdre une pagaie. Nous voilà rassurés. Un doute survient néanmoins. Comment démonterons-nous ces pagaies une fois que l’eau aura gelé dans les interstices des quatre parties qui les composent ? Un problème anodin qui pourrait s’avérer être une véritable difficulté. Nous rajoutons de l’antigel à notre liste de matériel.

L’eau s’infiltre elle ?

Pas d’infiltration par le bas, ni par les côtés. Jusque-là tout va bien. Les packrafts sont maniables. Très maniables. Tellement maniables que nous devons pagayer très près du boudin pour ne pas zigzaguer. La conséquence : davantage d’éclaboussures. De nombreuses gouttes nous atteignent. Aujourd’hui elles nous rafraichissent, demain, elles risquent de nous geler. Quelle réponse apporter à ce problème ? Revêtir un manteau de pluie ? Un poncho imperméable ? Equiper nos pagaies de rondelles pour éviter le ruissellement ? Cela reste à tester.

La vitesse de navigation

En 10 minutes, nous traversons 500m. Sans forcer. Cela signifie que nous pouvons espérer traverser notre bras de mer en l’espace d’une heure, dans l’obscurité bien sûr. Peut-être un peu plus du fait du courant et sous l’effet du chargement. Cette heure risque d’être longue…

Le transport du chargement

Nous constatons rapidement que l’espace à l’intérieur du packraft est tout de même réduit, trop réduit pour embarquer une pulka de 90kg. Il nous faudra donc arrimer nos pulka au dos des packraft, les faire flotter et les trainer derrière nous. Tracter une pulka de 90kg sur l’eau semble audacieux. Et si la pulka coule et nous emmène par le fond ? Cette perspective nous fait froid dans le dos. On décide donc de faire une simulation.

Réaction du packraft lorsqu’il tracte une charge

Nous attachons un packraft à l’autre. L’un d’entre nous pagaie, l’autre se laisse tirer. Nous simulons ainsi une charge de 80kg environ. Le packraft de tête réagit bien. Nous craignions que l’arrière de ce dernier ne s’enfonce dans l’eau sous l’effet de la traction et que l’avant ne se lève. Cela aurait déstabilisé l’embarcation et accru sa vulnérabilité. Ce phénomène ne se produit pas et l’embarcation reste stable, à peine ralentie par le poids mort. C’est un bon point.

Prendre la mer et accoster

Nous ne voulons jamais être en contact avec l’eau glaciale. Nous ne pouvons pas mettre un pied dans l’eau pour monter à bord du navire, ni pour en descendre. Ce serait des gelures certaines. Nous nous entrainons donc à monter à bord directement depuis une berge. Depuis une berge hospitalière (une plage) et depuis une berge hostile (un rocher abrupte). L’opération est difficile car le packraft a tendance à se dérober. Il nous faudra l’aide d’un camarade ou d’un packraft déjà à l’eau pour stabiliser l’embarcation. C’est possible mais périlleux. Il faudra s’entrainer encore et encore !

La crevaison

Nous contrôlons le kit de réparation. Il s’agit d’une rustine et de colle. En cas d’impact, le fournisseur recommande d’utiliser du gros scotch. Le scotch, ce fidèle allié des aventuriers. Nous trouvons ce remède utile et fiable : un système D déjà éprouvé.

L’homme à la mer

Le cauchemar. Et si l’un d’entre nous tombe à la mer. Choqué par un froid glacial, alourdi par ses vêtements trempés, saura t’il remonter seul ? Aura-t-il besoin de l’aide des autres ? Et si son packraft chavire ? Si l’accident terrible se produit, il faudra s’extraire de l’eau en un temps record, se déshabiller sur le packraft et changer de vêtements avant de rallier la berge la plus proche. Nous provoquons un chavirage. L’eau fraiche nous met un sacré coup de fouet. Nous rejoignons le packraft en deux mouvements, le saisissons et nous hissons à son bord. Le packraft reste stable. L’opération est facile avec un minimum d’agilité. En sera-t-il de même avec nos gants, nos vêtements et nos lourdes chaussures ? Et dans une eau bien plus froide ? Il faut tester. Encore tester. Répéter les gestes. C’est aussi ça la préparation d’une éxpédition.

 

Ce test packraft nous aura beaucoup appris. De nouvelles questions sont aussi apparues. Nous devrons y apporter une réponse avant le départ en expédition. Forts de ce constat, nous programmons un nouveau test packraft en novembre. Cette fois sur mer, avec nos pulkas et notre attirail polaire.

 

Instagram : @les_4_engages

Valentin Drouillard

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