Nous sommes le vendredi 26 avril 2019 dans la vallée du Yarkhun et on retrouve Symon Welfringer, Aurélien Vaissière, Pierrick Fine et Antoine Rolle qui partent explorer l’incroyable massif de l’Hindu Raj. À la frontière de l’Afghanistan et du Pakistan, cette vallée n’avait encore jamais vu d’alpiniste en raison des différentes tensions connues dans la région. Nos quatre jeunes espoirs français se sont ainsi offert la toute première ascension du Risht Peak (5960 mètres) !
Leur périple aura duré au total 5 semaines, du 26 avril au 31 mai, avec des expériences inoubliables pour notre quatuor de grimpeurs. « C’était une super expé où nous avons pu ouvrir une ligne de mixte en 4 jours sur un sommet vierge à presque 6000 m. On a aussi pu ouvrir deux lignes en rocher de 300 m en 7c max. Tout ça avec un peu de bloc, un peu de ski… pour un incroyable voyage ! » raconte d’emblée Symon Welfringer, lorsqu’on lui demande de résumer en quelque mots son expédition.
Le début du périple et l’acclimatation
Autant dire qu’il ne s’agissait pas d’une simple excursion entre copains dans les massifs des Alpes. Compte tenu des conflits encore récents, nos quatre grimpeurs ont tout d’abord atterri à Islamabad – la capitale du Pakistan – avant de s’engager vers la frontière avec le pays voisin : l’Afghanistan. Il faudra alors 4 jours de voiture avec le matériel et les rations afin de remonter vers le massif de l’Hindu Raj et rejoindre le camp de base, situé à 3000 mètres d’altitude. Une fois sur place, nos alpinistes établissent finalement leur campement, où ils resteront durant 4 semaine. Symon, Aurélien, Pierrick et Antoine entame ensuite la phase d’acclimatation en remontant le Risht Glacier, jusqu’au pied de ce géant blanc à plus de 5400m d’altitudes. 7 jours d’acclimatation, de bivouacs et de progression à ski parfois compliquée.
Mais durant cette ascension, Symon et ses partenaires découvrent une face incroyable au fond du glacier, baptisée séance tenante Sur la route de l’école (M6/5/70°, 500 m) : « À plus de 26 km et 2500m de dénivelé de notre camp de base, cette sublime face nous attendait… ».
Direction le Risht Peak
Vient alors le véritable défi. Les 4 grimpeurs s’attaquent finalement au Risht Peak, sommet culminant à presque 6 000 mètres d’altitude. Symon complète : « Nous avions deux jours pour atteindre le pied, une journée pour faire la voie et une demi-journée pour descendre dans le mauvais temps. Malgré ce créneau assez court, nous partions surmotivés à l’attaque de la montagne. » Diviser le temps d’approche par trois n’est pas chose aisée : en effet, nos quatre champions ouvre la voie en 2 jours au lieu des 6 prévus… et la remontée du glacier ne se fait pas sans douleur : « Durant les deux premières journées entre 3000 et 5400m, à remonter lentement les pentes interminables du glacier avec nos sacs entre 15 et 20 kilos, nos organismes furent mis à rude épreuve » confie Symon. Mais les jeunes alpinistes tiennent le délai, et leur peine est vite effacée tandis qu’ils approchent doucement de la crête : « À la vue de cette si belle montagne, vierge, la fatigue fut vite oubliée ! » conclue Symon. Une fois cette partie technique passée, il fallait pourtant encore atteindre le point culminant…
et Symon nous raconte : « Ce sommet s’est bien laissé désirer en nous proposant une pente de neige finale à s’enfoncer jusqu’aux hanches ! Mais le brassage à 6000m n’entame pas notre joie débordante à l’arrivée au sommet ! ». Objectif atteint, Symon, Aurélien, Pierrick et Antoine termineront leur périple de 5 semaines par une descente en rappel « sous les premiers flocons qui ne cesseront de grossir jusqu’au lendemain ».
Épuisés et fiers, les quatre alpinistes rentreront au camp de base les skis aux pieds en dévalant les 2000 mètres de dénivelé… L’expédition se terminera par une redescente dans des gorges où ils repéreront deux longueurs en fissure, l’occasion pour eux d’ouvrir deux big walls de 300m en 7b+ ! Bravo !