Par le témoignage de Claude Pradayrol qui va suivre, nous rendons hommage à Alain COUTE qui vient récemment de nous quitter.
Les 30 septembre et 1er octobre 2018, « Au Vieux Campeur Paris » organisait à Marseille la rencontre entre Alain COUTE « professeur émérite au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, spécialiste des micro-algues, plongeur naturaliste » et Henri COSQUER « découvreur de la grotte Cosquer», scaphandrier classe III, brevet d’état, instructeur professionnel.
5 heures de conférence réparties en 2 temps dont voici le résumé…
Acte I
Henri commence en nous présentant le film « Le secret de la grotte Cosquer », avant de nous commenter cette formidable aventure :
Tout commence par la découverte de la grotte dans les années 80, précédant la déclaration officielle en 1991. il s’agit de la première grotte ornée de la façade méditerranéenne, située à l’Est du Rhône entre Cassis et Marseille. Elle renferme en effet un trésor précieux du paléolithique supérieur : huit datations absolues situent la réalisation d’une succession de gravures et peintures entre -30 000 et -15 000 ans. Ces artistes de la préhistoire utilisaient aussi le relief de la roche pour donner du volume à certaines de leurs peintures.
Un secret dorénavant bien gardé par la nature. À la dernière ère glaciaire, le niveau de la mer se situait en effet 120 mètres plus bas que son niveau actuel. Aujourd’hui l’entrée de la grotte se trouve ainsi à -37 mètres sous la surface de l’eau. Il faut emprunter un boyau d’une longueur de 175 mètres de pente ascendante avant d’atteindre les galeries qui nous offrent ces œuvres rupestres exceptionnelles.
Le récit de cette grotte, c’est aussi l’histoire d’un homme sans cesse en quête d’exploration, de curiosité… quitte à parfois se mettre dans le rouge pour nous remémorer une partie de la vie de nos ancêtres.
Et afin de mettre à la portée de tous cette découverte, une réplique de la grotte à l’échelle 1 ouvrira ses portes dans la Villa Méditerranée en 2022.
Acte II
La transition est parfaite entre le récit d’Henri et les explications scientifiques de la vie actuelle dans cette mer méditerranée, ou mare mediterraneum – pour “mer au milieu des terres” – comme on la désignait initialement.
Alain commence par quelques explications géologiques sur la transformation des continents, mers et océans, ainsi que le mouvement des plaques tectoniques. Il enchaîne sur la création de la mer méditerranée il y a 5,2 millions d’années par une cassure au niveau du détroit de Gibraltar permettant à l’océan atlantique de se déverser dans le bassin méditerranéen. On apprend notamment qu’une différence de niveau actuelle de quelques dizaines de centimètres entre l’océan atlantique et la mer méditerranée engendre le déplacement d’une molécule d’eau qui met 90 ans pour revenir à son point de départ, d’après des calculs élaborés scientifiquement.
Au delà de ses caractéristiques topographiques, Alain s’emploie également à nous faire découvrir la richesse de cette mer d’une surface de 2,5 millions km2 qui abrite une grande variété d’espèces. Le film réalisé sur la réserve de Banyuls sur mer et les photos collectées par notre conférencier vont d’ailleurs rapidement nous plonger dans le vif du sujet. Alain nous amène tranquillement à décortiquer les racines latines des espèces vivantes, et va ainsi pouvoir vérifier notre degré de “sapiens” (autrement dit, notre sens de la réflexion) dans chaque homo sapiens que nous sommes.
Tout commence par les organismes unicellulaires en passant par le plancton végétal, le plancton animal, les plantes à feuilles caduques, les algues, les vers, les éponges, les nudibranches, les poissons, les parasites et bien d’autres. De là, on enchaîne avec les techniques de chasse, de camouflage, les régimes alimentaires, la chaîne alimentaire, les toxines, les intoxications, la prolifération des algues invasives (caulerpa taxifolia, caulerpa racemosa) et les moyens de les combattre. D’un aparté à propos de la transformation des algues à des fins médicales, on pourra percevoir tout l’intérêt de ces études sur la faune et la flore.
Durant son intervention, Alain ne peut s’empêcher de blaguer, de raconter des anecdotes, de faire sans cesse des jeux de mots et de nous poser des questions. Savez-vous comment se nomme un plongeur en latin ? « Urinator » ! Des noms scientifiques en Latin aux noms vernaculaires, tout y passe. De la classe, ordre, famille, genre, espèce, Alain règne en maître avec grande classe dans le groupe que nous sommes et nous buvons ses paroles alors qu’après 2h30 de conférence, il commence vraiment à avoir soif.
Nous garderons en mémoire l’esprit de ce grand homme, toujours joyeux, disponible et toujours prêt à partager son immense connaissance. Un grand merci Alain.
Maître comme je l’appelais, Père Claude comme il aimait me surnommer.
Claude Pradayrol