Première ascension de “The fridge” 900M / 5c / M5 / WI5
27 ans après une première aventure à l’Épéna et après plusieurs tentatives, Manu Pellissier accompagné de Luc Mongellaz et de Jessy Pivier – guide et vendeur à Au Vieux Campeur Albertville – est venu à bout de la face nord Vanoise. The Fridge est une paroie calcaire, faite de placages de glace et de neige, méconnue de tous ou presque. Jessy revient pour nous sur une épopée oubliée, réussie grâce à la ténacité et la complémentarité de trois hommes :
» Quelques jours avant l’ascension nous partons repérer les conditions actuelles de la face, bien décidés à ouvrir une première goulotte repérée par Manu quelques années auparavant. Lors de l’approche, nous observons des placages au centre de la face Nord… nous sommes à deux doigts de changer de projet. Après concertation, nous décidons finalement de rester sur le plan initial et nous en profitons même pour équiper une ligne de rappel côté Champagny.
Après 2 jours de repos bien mérités, nous voilà de retour et à 4h du matin nous enfourchons nos vélos électriques pour un petit réveil musculaire. Puis, nous continuons à pied pour arriver vers 7h en bas de la face. Bien motivés pour faire de la dalle en crampons, je m’élance directement dans la première longueur, à ma bonne surprise le caillou est meilleur que je ne l’imaginais, se succède alors, une alternance de longueurs en neige, en rocher, et de placage tout juste suffisant.
Le rythme est bon et l’ambiance de la face commence à se faire sentir. Les protections ne sont pas toujours évidentes, pitons, friends, coinceurs, bird peak, broches… tous nos jouets y passent !
Manu prend le relais, les conditions sont tops, glace, neige couic… on se régale !
Après quelques relais brillamment trouvés dans ce mélange de glace trop fine pour les broches et de dalles trop compactes pour les coinceurs, nous voilà au pied de « the pitch », la longueur de glace éphémère qui s’est tant fait désirer au fil des années. Pendus sur nos broches en plein milieu de ce grand toboggan de 500 mètres l’ambiance est prenante. Luc aura l’honneur d’en découdre avec celle-ci. La glace est assez dure, le mur vertical… les mollets brûlent !
Nous voilà maintenant dans les rampes sommitales moins faciles que nous l’espérions. La neige est inconsistante et par endroit insuffisante. Après une première tentative à droite, les dalles sous jacentes nous arrêtent. Nous essayons alors à gauche, les rampes semblent moins raides, le doute s’installe… Partis corde tendue, nous finirons par tirer quelques longueurs. La protection dans cette neige qui glisse le long des dalles est difficile et l’engagement augmente. Nous réussirons finalement par ressortir au col vers 16h30.
Du haut du col, nous profitons avec émotion de notre réalisation et le coucher de soleil auquel nous assistons vient parfaire cette ascension. Pour autant, la journée n’est pas finie, il nous faut rejoindre le sommet occidental par une arête moins débonnaire que l’on ne pensait, surtout de nuit. Même si la lune nous fait de l’oeil, nous passerons 3 heures sur cette crête aérienne, à quatre pattes une bonne partie du temps !
Arrivés au sommet occidental, nous retrouvons avec soulagement nos rappels équipés quelques jours aupparavant, et 3h plus tard nous laissons nos vélos nous ramener jusqu’au parking.
20 heures se sont écoulées et, fatigués mais heureux, nous trinquons autour d’une bière à cette première, avant de s’endormir bien facilement… «