Créé à la fin des années 1930, le Bol d’Or de Mirabaud demeure encore aujourd’hui LA plus importante régate au monde disputée en bassin fermé ! Et pour sa 81ème édition, c’est Manu, conseiller Au Vieux Campeur à Thonon, qui nous partage son expérience.
Nous sommes le samedi 15 juin 2019, il est presque 10 heures et le départ de cette nouvelle édition du Bol d’Or de Mirabaud ne devrait plus tarder. Manu et son coéquipier sont présents sur la ligne de départ et concourent dans la catégorie SC1 (Small Catamaran) : une catégorie ouverte depuis seulement 4 ans sur la célèbre régate.
24 heures et 30 minutes plus tard, les régatiers franchissent la ligne d’arrivée. Manu nous raconte alors son aventure à bord de son catamaran : “C’était extrêmement long, surtout sur un petit catamaran de sport et avec les intempéries rencontrées…”. Si le parcours du Bol d’Or est plutôt simple en matière d’étapes, il s’agit en effet d’une régate longue et éprouvante pour les petites embarcations. Les participants partent ainsi de Genève, passent une petite bouée 5 kilomètres plus loin puis filent à l’autre bout du lac Léman, au Bouveret… à quelques 70 kilomètres du point de départ. Enfin, ils redescendent sur Genève pour un parcours total de 140 kilomètres.
Et en ce qui concerne l’entraînement ? “C’est très succinct, vu qu’on met en route nos bateaux plutôt vers le mois de mai avec le froid ambiant et le ski de rando. Mais ça fait à peu près 30 ans que je fais cette course, donc ça peut aller : je suis maintenant un habitué… surtout qu’il s’agit de mon bateau perso. Mon équipier a aussi un catamaran de sport et il fait cette régate quasi chaque année mais en bateaux lestés, plus gros. La première année je l’avais appelé le cata « Au Vieux Campeur » !
Sur ce Bol d’Or, les deux régatiers ont pris un bon départ, en tête pendant près d’une heure. Mais, avant d’atteindre la bouée de dégagement des multicoques au large de Bellevue, c’est Yvan Bourgnon, le gladiateur des mers, qui les devance… Celui-ci est suivi de près par le nouveau Flying Phantom Tilt. Manu continue : “Rappelons qu’on ne partait pas pour la victoire, le bateau datant de 1995 et n’ayant pas les mêmes vitesses que ceux en carbone… Mais je dois quand même avouer qu’il se défend correctement dans les petits temps !”
Il poursuit : “À la sortie du petit lac à Yvoire le vent est remonté et nous a permis de faire des beaux bords au double trapèze jusqu’à la pointe de Ripaille. Là, on était à 400 ou 500 mètres des premiers qui ont fini par prendre une risée les emmenant au large. L’orage tant attendu et annoncé comme très fort, on a préféré se cacher à terre. L’organisation avait donné l’autorisation de rentrer dans les ports au vu des conditions annoncées. À peine descendu la voile, on s’est retrouvé dans un vent très violent ! On a rangé le bateau sous la grêle, soit à peu près 2 minutes après les premières rafales… Quelle rapidité ! On est resté là plus d’1 heure, cachés à attendre l’accalmie. Un éclair, tombé à 200 mètres de nous, nous a dissuadé de repartir plus tôt…”.
Et finalement, après un long moment de réflexion et d’observation, nos deux régatiers appellent l’organisation pour leur signifier qu’ils repartent, sans assistance. Ils apprennent alors qu’ils ne sont plus que 2 sur les 11 catamarans au départ de la classe SC1… Tous les autres participants ont brisé leur mât ou ont abandonné à cause de la casse. À la mi-parcours, au Bouveret, Manu et son coéquipier étaient 162ème avec 1 heure de retard sur leur seul concurrent restant. Manu poursuit son histoire : “On passe la marque du Bouveret avec 1 heure de retard sur Back to Basics, un Flying Phantom dont l’équipier est malvoyant… sacré gars devant nous ! Mais la connaissance et l’expérience finit par nous donner l’avantage, et on parvient finalement à Genève avec 2 heures d’avance !
À l’arrivée, Manu et son coéquipier occupent une belle 81ème place au classement général… et la 1ère place sur le podium de leur catégorie, la SC1 ! Un grand bravo à nos champions pour cette régate aux multiples péripéties !