C’est à la suite d’une simple sortie en falaise que Thomas, conseiller chez Au Vieux Campeur à Strasbourg, s’est découvert une passion sans limite pour la grimpe. À l’époque, il était tout simplement parti avec un collègue de lycée pour une session d’escalade. “J’ai eu le coup de foudre direct ! J’ai quasiment fait une nuit blanche tellement j’ai aimé ça et je n’ai plus arrêté depuis…” raconte Thomas. Et cela fait effectivement plus de 20 ans maintenant que la grimpe fait partie de son quotidien. Deux décennies pendant lesquelles le sportif n’a pas chômé : “Aujourd’hui, j’ai 38 ans et je fais mon premier 8c, c’est incroyable ! Je ne pensais pas que c’était possible…” glisse-t-il. Une confidence qui reflète la grande humilité de Thomas… mais pas seulement. Car malgré une pratique rigoureuse durant toutes ces années, cette réalisation est véritablement loin d’être anecdotique. En effet, Thomas a récemment appris qu’il était atteint de la maladie de Lyme : une maladie infectieuse causée par une bactérie (Borrelia burgdorferi) et généralement transmise par la tique. Chez les personnes atteintes – comme Thomas – on observe alors divers troubles dont une grande fatigue au quotidien, des vertiges récurrents et des nausées. Un véritable handicap supplémentaire pour le grimpeur.
Mais Thomas est déterminé. Il ne lâche rien à la suite de cette annonce et va même parvenir à se dépasser malgré la maladie. Le théâtre de ses exploits sera le Kronthal, un étroit passage naturel reliant les massifs de Marlenberg et de Wangenberg, non loin de Strasbourg. Il commence d’abord par enchaîner L’amour & le crâne (8b), une voie très physique qui requiert précision et efficacité pour ne pas se cramer. Fort de cette réussite, il enchaîne logiquement sur Dao Xiang en 8b+. Et pendant qu’il s’exerçait sur ces voies, il observait les mouvements des autres grimpeurs professionnels qui se confrontent à l’âme du Phénix : une 8c non loin. Il se confie : “Quand j’ai vu la ligne, j’ai trouvé ça génial ! Les mouvements que je voyais me paraissaient esthétiques”.
La voie lui donnera cependant du fil à retordre. A raison de 3 séances par semaine, il ne lui faudra pas moins de 300 essais pour atteindre son objectif ! Et lorsqu’il parvient enfin à enchaîner l’âme du Phénix, notre grimpeur n’en revient pas : “J’étais tellement souvent tombé dans cette voie que je n’ai même pas réalisé sur le coup… J’étais content mais je ne réalisais pas et quand je suis revenu au sol ça a été une telle explosion de joie, c’était incroyable ! Quand ça passe, tu te demandes si c’est bien réel… “. Il ajoute ensuite que c’est avant tout grâce à sa femme, Valentine et ses enfants qu’il n’a jamais perdu sa motivation, sa détermination et son envie de réussir ! Lorsqu’on lui demande ce que cet exploit lui a apporté, Thomas nous répond sans hésitation : “La voie, le 8c, ça m’a beaucoup aidé, faire du sport m’a aidé à dépasser les soucis de santé. Et c’est vrai que lorsque j’ai pu enchaîner la voie, ça m’a montré que, même quand on est malade, tout est possible. On peut enchaîner du 8c même avec la maladie de Lyme”. Et au final, pour nous, le récit de sa performance est également une belle preuve de ce que chacun peut réaliser avec une bonne dose de courage et d’envie !